Le GR221 parcourt la Serra de Tramuntana, une chaîne de montagnes longue de 90 kilomètres qui longe la côte nord de Majorque. De ce côté de l’Île des Baléares, en Méditerranée, les plages bondées font place à des montagnes accidentées dont les sommets culminent à 1000 mètres, aux oliviers séculaires et aux villages idylliques nichés dans cette région classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Le GR221 se décline en de nombreuses variantes, dont les liaisons permettent de rejoindre d’autres villes ou villages. Pour l’ensemble du parcours, il faut compter un bon 170 kilomètres de marche ou de randonnée. Sur la route, vous pourrez séjourner dans des cabanes sur les sites de bivouac ou dans l’un des hôtels des multiples villages que vous traverserez. Le GR221 porte plusieurs noms, mais c’est la ‘Trans Tramuntana’ qui en résume le mieux l’esprit. Il est aussi fréquemment surnommé ‘Ruta Piedra Seca’, que l’on pourrait traduire par ‘Route de la pierre sèche’. L’adjectif ‘sec’ ne fait pas référence à l’absence de pluie – comme nous le verrons plus tard -, mais au fait que le chemin est fait en pierres sèches, à savoir sans ciment. L’itinéraire suit le littoral et vous mènera par des paysages splendides jusqu’aux plus hauts sommets, dont le Puig Major qui culmine à 1445 mètres. L’attrait du chemin réside notamment dans le mariage entre la mer et les montagnes, sublimé par la végétation luxuriante, les forêts ombragées et le maquis, si typique de la Méditerranée. 

Comme chaque année, Fisiotics, l’équipe d’entraîneurs et de kinésithérapeutes, organise un défi sportif : un groupe de participants se prépare pendant 10 mois à affronter son objectif, la Trans Tramuntana. Tout commence par un test à l’effort et un dépistage afin d’identifier les points à travailler. Suivent alors des conseils d’entraînement spécifiques, et pendant dix mois, des entraînements en groupe, des ateliers spécialisés et des objectifs intermédiaires réguliers qui s’achèvent par la préparation ultime : un weekend intensif dans les Ardennes. Certes, la pandémie a perturbé les plans initiaux, mais elle n’a pas pour autant signé l’abandon du projet ! C’est donc avec un nombre impressionnant de kilomètres d’entraînement derrière eux que 10 Flamands se sont envolés vers Majorque début novembre. L’objectif ? Relever leur fameux défi ! Voici leur histoire. 

Un ouragan imprévu

  • 33 kilomètres, 1700 mètres d’altitude –

Notre itinéraire, qui totalise environ 130 kilomètres pour 6000 mètres d’altitude, nous mènera de la ville portuaire de Port Andratx, située au sud, à la ville de Pollenca, dans le nord, en l’espace de trois jours. Afin d’éviter les chaleurs estivales du climat méditerranéen, nous avons décidé d’effectuer notre randonnée en automne. Malheureusement, tout ne se déroule pas comme prévu… Une zone de basse pression surplombe les Baléares et la météo se déchaîne. Nos vêtements de pluie sont loin d’être superflus : il pleut des cordes.

Notre première soirée, nous la consacrons à choisir les tenues à enfiler ou à glisser dans son sac. Malgré la météo capricieuse, l’ambiance est excellente – le vin espagnol y contribue certainement. L’ouragan ‘Blas’ et ses vents jusqu’à 100 km/h s’acharnent sur Majorque. La journée de demain, qui devait nous servir d’échauffement, s’annonce rude… Au cours de la première partie, entre le Port d’Antrax et les abords d’Es Castellet, la signalisation est pratiquement inexistante. Le GR221 semble bien balisé sur la carte, mais étant donné que le chemin traverse plusieurs propriétés privées, quelques formalités restent encore à régler. Nous devons nous contenter de la carte, de la navigation et des cairns pour trouver notre chemin… et il n’est parfois guère visible ou praticable ! La piste est glissante et technique. Au cours de la première montée de la journée vers ‘La Trappa’, la zone de basse pression monte en puissance et se transforme en ouragan, le fameux Blas. Nous grimpons sur des rochers jusqu’à la Moleta de Esclop. La nature est magnifique, la force de l’ouragan diminue un peu et la pluie cesse. Dans un petit hôtel charmant à Estellencs, le sèche-linge fait des heures supplémentaires. Un feu ouvert, une soupe chaude et un repas délicieux (agrémenté d’un peu d’alcool) apaisent les souffrances de la journée.

Le plat de résistance

  • 47 kilomètres, 2200 mètres d’altitude –

Aujourd’hui s’annonce la journée la plus longue et la plus difficile, puisqu’elle comptabilise le plus grand nombre de kilomètres du parcours. Elle prévoit d’être contrastée, avec des passages réguliers dans des villages où tout le monde pourra se ravitailler facilement. Quant à la météo, elle n’est toujours pas de notre côté. Le véritable ouragan semble être passé, mais nous sommes toujours confrontés à de fortes rafales, à un brouillard qui masque la visibilité des sommets et à 300 litres d’eau par mètre carré. La piste monte et descend, et nous réserve quelques grimpettes ardues. Nous atteignons le Puig Caragoli (944 mètres d’altitude), le point le plus élevé de la journée. La longue descente vers Deia s’avère un véritable défi technique… Heureusement, elle signifie aussi que le plus dur est derrière nous. Le GPS nous indique qu’il ne reste que 200 mètres d’altitude à descendre. Nous arrivons finalement à Soller. Nous ignorons le refuge, pourtant magnifiquement situé près du phare, pour lui préférer un petit hôtel où nous arrivons au coucher du soleil. Nous passons immédiatement à table. Un petit peu de luxe ne nous fera pas de mal…

Au point culminant de notre itinéraire

  • 42 kilomètres, 2300 mètres d’altitude –

Visiblement, les dieux de la météo ont épuisé toutes leurs réserves de pluie, puisqu’il fait sec à notre départ. Nous entamons la journée par des escaliers assez raides. Toutes ces marches finissent par nous mener à 800 mètres d’altitude, au Coll de l’offer. La rivière, gonflée par les pluies des derniers jours, nous accompagne tout au long de notre ascension. En haut du Coll, la vue est exceptionnelle. Nous avons même droit à un arc-en-ciel ! C’est probablement le premier panorama que nous pouvons admirer depuis le début. Nous descendons vers le réservoir de Cuber, où nous en profitons pour nous réapprovisionner et pour faire une pause. Le soleil brille (enfin !). Nous nous séparons alors en deux groupes : l’un suivra la route en pente qui borde le réservoir, tandis que l’autre montera jusqu’au Coll des Portellet (Coll de Sa). C’est un joli détour qui nous fait longer des parois rocheuses jusqu’au Refuge Tossals Verds.

C’est là que nous nous rejoignons pour nous lancer ensemble dans la longue ascension du Coll des Prat à 1205 mètres d’altitude, le point culminant de notre itinéraire. La mansuétude des dieux de la météo est hélas révolue : la tempête se remet à souffler dans les montagnes. En raison des pluies intenses des derniers jours, certains sentiers se sont littéralement transformés en petites rivières. Dans des circonstances normales, on peut apercevoir le point de départ et d’arrivée depuis le Coll des Prat. Mais avec cette purée de pois, on n’y voit goutte. Détrempés, nous continuons vaillamment notre route. À l’arrivée, un sentiment merveilleux nous envahit. La fatigue disparait. Seuls comptent désormais les plaisirs qui nous atten

Tips & Tricks 

  • Le GR221 est un sentier sauvage qui passe parfois par des segments rocheux. Les cailloux et rocs irréguliers exigent un pied sûr et un bon équilibre. Les marcheurs moins expérimentés progressent plus lentement sur ces tronçons. Si vous les parcourez en automne, n’oubliez pas votre lampe. 
  • Certaines sections traversent des propriétés privées, de sorte que la signalisation est parfois inexistante. Il faut parfois chercher son chemin dans une nature vierge : c’est là que les compétences en navigation s’avèrent indispensables. Veillez à disposer des fonctionnalités nécessaires sur votre GPS pour  ne pas vous perdre. La couverture réseau n’est pas optimale et vous devrez être capable de naviguer par mauvais temps ou dans le froid. 
  • Préparez soigneusement vos réserves d’eau et de nourriture. Les villages sont parfois très éloignés les uns des autres et il peut s’écouler un long moment avant de pouvoir se ravitailler. On trouve peu d’eau potable, ce qui peut s’avérer problématique par temps chaud. L’idéal est de faire le GR221 au printemps ou à l’automne, mais n’oubliez pas que de nombreux hébergements sont fermés entre mai et octobre.
  • Les plus hauts sommets avoisinent les 1400 mètres et sont proches de la mer. Les températures entre l’eau et les hauteurs peuvent varier grandement, sans compter les vents forts contre lesquels le relief n’offre que peu de protection. Il est donc essentiel de prévoir des vêtements adaptés, ainsi qu’une trousse de premiers soins et une couverture d’urgence.